mercredi 16 juillet 2008

La déviation religieuse et l'expérience tunisienne

INTRO: Le texte suivant est intéressant dans la mesure où il nous montre ce que (probablement) nous deviendrons si jamais la Société civile et les forces de pondération de l'Etat tunisien ne réagissent pas aux signes avant-coureurs d'une régression identitaire dont souffre aujourd'hui l'Egypte. Il y a aujourd'hui des coups de boutoirs contre la mixité dans l'enseignement (public et privé), contre le CSP, etc. qui doivent nous obliger à être vigilents. D'où la nécessité de tirer la sonnette d'alarme..

Khémais Khayati

Sur Al Ahram Hebdo

La déviation religieuse et l'expérience tunisienne

Mohamed Salmawy

Comment faut-il traiter la tendance religieuse déviée qui a pour objectif affiché d'appliquer les paroles de Dieu, alors qu'en réalité, elle frappe dans le fond tous les facteurs de progrès et de développement dans la société, et tend à faire ressusciter les époques d'ignorance et d'obscurantisme ? L'exemple le plus éloquent est, sans aucun doute, l'expérience des Talibans en Afghanistan qui ont enfermé les femmes dans leurs maisons, incriminé la musique et détruit les monuments historiques.

C'est un mouvement salafite, tel qu'il est appelé. Mais ce n'est pas un retour aux enseignements de nos pieux prédécesseurs, (ceux appelés en arabe Al-Salaf), comme il apparaît de la nomination. Car sa visée est essentiellement de revenir à des époques bien antérieures à celle de ces prédécesseurs. En d'autres termes, il s'agit de ressusciter l'époque de l'obscurantisme qui a été annulée par la venue de l'islam. En effet, l'islam a mis un terme à l'arriération de cette époque et à son obscurantisme, en édifiant une civilisation glorieuse qui a largement influencé l'humanité dans tous les coins de la terre, avec son apport éclairé en matière de culture et d'arts.

Jamais à l'époque de la prospérité de l'islam, nous n'avons entendu parler d'un niqab, cet habit noir, sans aucune esthétique, qui couvre tout le corps de la tête au pied. A tel point qu'il est difficile de différencier celle qui le porte et qui est assise sur un trottoir, avec un sac de poubelle en plastique noir jeté de l'autre côté du trottoir. La femme à l'âge d'or de l'islam se tenait aux côtés de l'homme et était active dans tous les aspects de la vie, y compris ceux dans les guerres, pour défendre l'islam.

Jamais à l'âge d'or de l'islam, la musique n'a été criminalisée. Au contraire, tous les récits du prophète prouvent son appréciation pour la musique. A la conquête de La Mecque, le prophète fut accueilli aux rythmes des chants et de la musique. Jamais à cette époque, nous n'avons entendu parler de la destruction des anciens monuments comme il est arrivé en Afghanistan, au milieu de la consternation du monde entier.

A la conquête de l'Egypte, l'islam n'a pas touché les vestiges anciens de sa civilisation révolue, et ne leur a aucunement porté atteinte. Il a également pris soin des « coptes d'Egypte » et ne les a pas du tout préjudiciés. Alors que nous avons vu les adeptes de cet islam non authentique interdire, avec insistance, que leurs fils saluent leurs camarades chrétiens dans les écoles, parce qu'ils les taxent d'« impies ». Nous les avons vu également brûler les lieux saints et recourir à la violence et au crime au nom de l'une des religions le plus nobles et les plus glorieuses.

Pourquoi sommes-nous donc à ce stade ? Je me suis posé cette question au cours de mon dernier voyage en Tunisie, au cours duquel je n'ai pas vu la propagation maligne de cette tendance de dérapage religieux que nous avons connu en Egypte depuis le début des années 1970 en Egypte.

La Tunisie a été témoin du mouvement de modernisation dans les affaires des musulmans longtemps après celui des imams Mohamed Abdou et de Gamaleddine Al-Afghani en Egypte. Ce mouvement s'est surtout rapporté aux affaires sociales propres au mariage, au divorce et aux droits de la femme. Des procédures qui se sont profondément ancrées dans la société tunisienne, à tel point qu'il est devenu difficile de revenir en arrière, et qui datent du milieu du siècle dernier, à l'heure où l'Egypte de la Révolution octroyait à la femme ses droits politiques et sociaux.

En d'autres termes, l'expérience de la modernisation dans ce domaine a été assurée de pair entre les deux pays l'Egypte et la Tunisie. Quant à la séparation entre les deux expériences, elle est intervenue après l'époque de la Révolution, c'est-à-dire à l'aube des années 1970, lorsque le régime en Egypte a commencé à encourager les adeptes de la tendance religieuse, croyant qu'il était en train de mettre un terme à l'ancienne gauche. On peut y ajouter la relation spéciale qui existait à cette époque entre le régime saoudien et le nouveau régime en Egypte, ouvrant la voie à un financement plus important provenant de ces groupes islamiques naissants, qui ont commencé à propager une tendance étrangère à l'islam, caractérisée par le rigorisme wahhabite, qui a vite dévié en l'espace de quelques années, pour basculer dans le crime et le terrorisme.

Cette politique erronée adoptée par le régime de l'après-guerre en Egypte, a été suivie par une autre de réconciliation avec cette tendance religieuse déviée, bien qu'elle ait eu pour cible le régime depuis son ascension, comme il est apparu dans le kidnapping et l'assassinat de cheikh Al-Zahabi, le ministre des Waqfs au début des années 1970. En dépit de cela, les organismes médiatiques étatiques et notamment la télévision diffusaient davantage les programmes religieux, imaginant qu'ils allaient de cette manière s'attirer le consentement des nouvelles tendances dans la société, qui ont commencé à gagner du terrain parmi les masses. Ils ont alors fait de leurs cheikhs des stars dans les programmes de la télévision de l'Etat. Chose qui n'avait pas eu lieu auparavant.

De cette manière, le régime a contribué à consolider la tendance religieuse déviée qui a ciblé, pour la première fois dans notre histoire moderne, la vie du président de la République en octobre 1981.

L'expérience de la Tunisie est totalement différente, bien qu'elle ait expérimenté la montée de cette nouvelle tendance religieuse. La Tunisie, quant à elle, a connu le même phénomène, mais elle a été dès le départ ferme en défendant les acquis de la société civile. Certaines décisions ont alors été promulguées et ont empêché cette tendance d'avoir la main haute sur ces acquis. Ces décisions sont allées jusqu'à l'interdiction du port du voile. Il est vrai qu'elles ont été allégées par la suite, mais le message avait atteint son but et était clair et tranchant.

D'ailleurs, le plus important acquis en Tunisie est le fait que le régime a mis dès le départ les adeptes de cette tendance en confrontation directe avec la société civile, au moment de leur revendication d'une tribune politique à l'instar de toutes les autres tendances politiques et intellectuelles du pays. On leur répondit que cela ne pouvait avoir lieu avant qu'ils n'affichent leur engagement aux constantes de la société civile tunisienne. C'est à ce moment-là que les questions ont commencé à être posées : comment concevez-vous le dossier de l'enseignement de la femme et de sa participation à la vie publique ? Quelle est votre position par rapport à la polygamie ? Ainsi que d'autres questions qui étaient le pivot d'un important face-à-face national impliquant toute la société. Ils ont ainsi mis les adeptes de ce courant dans une situation difficile et ambiguë : Comment faire pour satisfaire les adeptes rigoristes d'une part, en ne menaçant pas le reste de la société civile de l'autre ? Alors que nous, en Egypte, avons laissé libre cours à cette tendance, l'Etat n'intervenant que dans les cas limites des opérations terroristes. Ainsi, la situation s'est transformée d'une cause d'ordre intellectuel à laquelle il fallait faire face en argumentant, en réfléchissant et en offrant des solutions politiques à travers toute la société, en une cause pénale, dans laquelle les forces de la sécurité entrent en jeu à chaque fois qu'un crime terroriste a lieu.

C'est la raison pour laquelle au cours de mon voyage en Tunisie, j'ai trouvé une société semblable à celle que nous avons connue en Egypte dans les années 1950 et 1960. Je n'y ai guère détecté les aspects de rigorisme et de laideur qui nous ont poursuivis depuis le début les années 1970 et qui ne semblent pas vouloir nous quitter.



1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je comprends votre adversite aux extremistes religieux et je vous partage l'avis. Mais je tiens a vous mettre en garde de certains Tunisiens qui jouent le meme jeux anti-Islamistes mais en realite ils sont en train de rouler pour les propgandes Evangelistes pro-Americaines. Et je cite le blog d'El_Manchou en l'occurence (http://www.rap125.com/)

Ce gars roule pour la propagande Evangeliste-Americaine. Vous, vous etes contre l'extremisme Islamique, lui il est du genre pretendu "Berbere" rachete a coups de Dollars US pour vehicule la propgande Islamophobe, anti-Arabes et pro-Neoconservateurs dans notre pays.

Il faudra combattre ce phenomene aussi, parce que c'est l'autre face de la meme medaille. Ces gens la ne sont pas moins extremistes que ceux que nous somme en train de combattre. Ils visent les divisions et des discordes au seins de nos societes. Des gens pareils, visent meme a diviser les Chretiens du Liban et les Chretiens de l'Irak aussi, toujours a coups de dollars et de promesses de Visas et d'etudes a l'etranger. Et pratiquement ils sont en train de causer les degats aux seins de ces communautes.

Malgres toutes les apparences, il ne faut pas prendre le blogs d'El_Manchou pour un simple blog de la lutte contre l'extremisme Islamiste.